- octobre 12, 2025
- 4:44 pm
- Ukraine
Le matin du 9 octobre 2025 à Kherson n’a pas commencé par une prière, mais par le fracas et la poussière. Vers 7h15 du matin, une munition à sous-munitions a touché le bâtiment de la synagogue Chabad de Kherson au 27 rue Théâtrale — la seule synagogue active de la ville.
À ce moment-là, il y avait déjà des gens à l’intérieur. L’équipe de la communauté préparait des repas gratuits pour les personnes âgées et les habitants nécessiteux de la ville. Puis tout s’est figé.
Pour le moment, il n’y a pas de preuves officielles que la synagogue de Kherson a été délibérément ciblée en tant qu’objet religieux, mais le contexte des événements indique que ce n’est pas une coïncidence au sens habituel.
Le matin du 9 octobre 2025, la Russie a effectué un tir de munitions à sous-munitions sur les quartiers résidentiels de Kherson, où se trouve également le bâtiment de la synagogue au 27 rue Théâtrale. L’obus a explosé à proximité, et un des éléments de combat a frappé le mur du temple sans détoner.
C’est un schéma typique des attaques russes sur le centre-ville, où il n’y a pas d’objectifs militaires, mais beaucoup de civils et d’infrastructures — écoles, hôpitaux, temples.
Pourquoi on ne peut pas considérer cela comme « juste une coïncidence »
La synagogue est située dans un quartier civil, dans une zone qui a déjà été frappée plusieurs fois. Selon l’administration militaire régionale (OVA), le même jour, des maisons résidentielles, un hôpital et un centre de bénévoles ont également été touchés. Autrement dit, les troupes russes ont frappé des cibles civiles, sans distinction.
De plus, l’utilisation de munitions à sous-munitions dans les zones résidentielles contredit le droit humanitaire international et peut être qualifiée de crime de guerre.
« La bombe à sous-munitions a explosé et s’est coincée dans le mur »
Selon les représentants de la communauté juive de Kherson, la bombe à sous-munitions a explosé à proximité, dispersant des dizaines de petits éléments explosifs. L’un d’eux a frappé directement le mur de la synagogue, mais n’a pas détoné.
« La bombe à sous-munitions a explosé, dispersant des dizaines de petits éléments, puis s’est coincée dans le mur de la synagogue », ont raconté les membres de la communauté.
Les travailleurs de la cuisine, entendant l’explosion, ne se sont pas enfuis — ils ont continué à préparer la nourriture. Ces mêmes repas qui sont livrés chaque jour aux personnes âgées et aux déplacés.
Les prières ne s’arrêtent pas
Même sous les tirs, la vie dans la synagogue ne s’est pas arrêtée.
Comme l’a rapporté la communauté Chabad Kherson, après l’explosion, le processus de préparation des repas ne s’est pas interrompu, et la distribution a continué à domicile.
« La nourriture, grâce à Dieu, a été préparée — maintenant elle est distribuée directement aux appartements. Les prières ne s’arrêtent pas non plus… et le minyan se réunit chaque jour — quoi qu’il arrive », ont écrit les représentants de Chabad.
Sur les photos publiées par la communauté, on voit des casseroles de plats chauds dans la cour de la synagogue. À côté, des morceaux de métal arrachés du mur par les éclats. Mais les portes de la synagogue restent ouvertes.
« Gloire au Tout-Puissant qu’elle n’a pas explosé »
Les habitants de Kherson appellent cela un véritable miracle. L’obus qui aurait pu détruire le sanctuaire n’a pas fonctionné.
« Gloire au Tout-Puissant qu’elle n’a pas explosé. Que le Seigneur vous garde et vous bénisse, mes chers habitants de Kherson, mes chers juifs. Hag Souccot sameah — joie, paix et proximité avec le Père », a écrit un commentateur sous le post de la communauté.
D’autres ont ajouté brièvement : « Tenez bon », « Que Dieu vous protège », « C’est un miracle ».
Synagogue Chabad : une histoire qui a survécu aux guerres et aux empires
La synagogue Chabad est la seule synagogue active de Kherson. Elle est située au 27 rue Théâtrale (anciennement rue Gorki, auparavant rue Vitovska, 21). C’est un bâtiment de la communauté hassidique, construit entre 1895 et 1899 à l’emplacement d’une ancienne synagogue, déjà marquée sur le plan de 1855.
Au début du XXe siècle, le temple rassemblait jusqu’à 1500 fidèles et était l’un des principaux centres de la vie juive du sud de l’Ukraine. Jusqu’en 1941, il fonctionnait comme maison de prière de la communauté juive.
Pendant l’occupation nazie, le bâtiment a été incendié, mais en 1947, il a été restauré. En 1952, le bâtiment a été transformé en dortoir de l’usine Pétrovsky, puis en centre de désintoxication.
Ce n’est qu’à la fin des années 1980 que la synagogue est revenue à la communauté juive. À l’automne 1990, elle est redevenue un temple actif. En 1999, une rénovation majeure a été effectuée, et entre 2003 et 2005, une reconstruction intérieure complète et une nouvelle aile ont été ajoutées au sud. Les fonds pour la restauration provenaient d’Israël et des États-Unis.
Aujourd’hui, la synagogue abrite la communauté religieuse juive de Kherson Chabad et le centre régional de renaissance de la culture et de la religion juives. Le bâtiment a le statut de monument architectural et reste le centre de la vie de la communauté juive de Kherson.
Quand un mur devient un symbole
Dans le mur de la synagogue de Kherson, un morceau de métal est toujours coincé. Il n’a pas explosé — et est devenu le symbole que la foi ne peut être détruite.
Ce fragment de mur rappelle : tant qu’une bougie brûle, qu’une prière résonne et qu’il y a des gens prêts à aider, — la ville est vivante. Kherson est vivant. Et sa synagogue rassemble à nouveau le minyan du matin.
