Drapeau, cour et influence : pourquoi Moscou a ouvert la « Maison russe » à Jérusalem

À la mi-décembre 2025, l’ambassade de Russie en Israël a ouvert une nouvelle succursale de la « Maison russe » dans la cour de Serge à Jérusalem — un site qui appartient officiellement à la Fédération de Russie. À Moscou, on déclare qu’il s’agit du développement de la « présence culturelle et spirituelle en Terre Sainte ». Cependant, le fait même et le moment choisi ont suscité des questions au sein du public israélien.

Il ne s’agit pas d’un nouveau bâtiment ni d’un geste symbolique. C’est une extension de l’infrastructure d’influence déjà existante dans l’une des villes les plus sensibles du monde.

Comment s’est déroulée la cérémonie

L’ouverture a été accompagnée par le lever du drapeau russe, une décoration festive avec des éléments de symbolique du Nouvel An, ainsi que la projection d’un film documentaire sur la « présence historique de la Russie » dans la région.

Le nouveau site à Jérusalem est venu compléter la « Maison russe » à Tel-Aviv, qui reste depuis plusieurs années le principal centre de l’organisation en Israël.

Le format de l’événement soulignait le caractère non pas tant local que symbolique de l’événement.

Accent sur l’histoire et les « racines »

La directrice de la « Maison russe » en Israël, Diana Meged, a déclaré que l’activité de la nouvelle succursale se concentrerait sur « le renforcement de la présence russe en s’appuyant sur la signification historique du lieu ».

Selon elle, la cour de Serge, restituée à la propriété de la Russie en 2008, a été construite à la fin du XIXe siècle par la Société impériale orthodoxe palestinienne et a longtemps servi de centre d’activité religieuse et diplomatique de l’Empire russe.

Ce récit est clé. L’histoire est ici utilisée comme un outil de légitimation de la présence contemporaine.

Position de l’ambassade

L’ambassadeur de Russie en Israël, Anatoly Viktorov, a déclaré que le nouveau centre était destiné à « renforcer les liens humanitaires et spirituels entre la Russie et la Terre Sainte ». Il a souligné que l’ouverture dans la cour de Serge « symbolise la continuité de l’histoire et le retour aux racines ».

La cérémonie a été suivie par des diplomates étrangers et des représentants des confessions chrétiennes de Jérusalem, ce qui a donné à l’événement un poids international supplémentaire.

Pourquoi cela a suscité des inquiétudes

En Israël, l’ouverture de la deuxième « Maison russe » a été perçue avec prudence — surtout compte tenu des élections nationales à venir.

La « Maison russe » à Tel-Aviv organise depuis plusieurs années des conférences, des événements culturels et des rencontres avec des représentants de la société civile. L’expansion du réseau à ce moment précis ne semble pas fortuite.

Réaction du public

Les militants ont attiré l’attention sur la coïncidence des délais et les déclarations publiques de Moscou sur l’intention d’étendre l’influence en Terre Sainte.

Ils rappellent les déclarations précédentes du président russe Vladimir Poutine sur la « communauté russophone significative en Israël », ainsi que les avertissements du contrôleur d’État israélien et des services de sécurité concernant une possible ingérence étrangère dans les processus électoraux.

Influence affaiblie et tentative de revanche

Auparavant, les responsables israéliens avaient souligné les tentatives de Moscou d’influencer les élections par le biais des médias russophones et des réseaux sociaux, ciblant un segment électoral important.

Cependant, après le début de la guerre en Ukraine et dans le contexte des critiques de la position de la Russie sur le Hamas, l’influence de Moscou parmi les Israéliens russophones a considérablement diminué. Ce facteur est reconnu par les experts.

C’est pourquoi l’ouverture de la succursale à Jérusalem est considérée par beaucoup comme une tentative de restaurer les positions perdues — non seulement par les médias, mais aussi par les symboles, l’espace et « l’infrastructure culturelle ».

Une question sans réponse claire

L’efficacité de cette stratégie reste une question ouverte. Le contexte politique et régional a changé, et la confiance dans les initiatives russes en Israël n’est plus acquise.

Néanmoins, le fait même de l’apparition d’un nouveau centre à Jérusalem montre que la lutte pour l’influence en Terre Sainte se poursuit, et elle dépasse de plus en plus le cadre de la diplomatie, restant un sujet d’attention particulière de la rédaction de НАновости — Nouvelles d’Israël | Nikk.Agency.