Le magazine allemand KATAPULT, connu pour son journalisme visuel et ses recherches sociales, a publié dans son numéro 39 (octobre-décembre 2025) une infographie qui a secoué le monde civilisé.
Ce que le magazine KATAPULT n°39 a montré
Sur la carte — l’Ukraine, où les territoires occupés par la Russie sont marqués en rouge : la Crimée, le sud des régions de Zaporijia et de Kherson, ainsi qu’une grande partie du Donbass.
La légende sous la carte est courte mais effrayante : 114 500 kilomètres carrés.
Le titre est simple, presque banal — «Wie viel Land Russland in der Ukraine besetzt hat» — «Combien de terres la Russie a occupé en Ukraine».
Et en dessous — une question qui touche toute personne normale :
«Wie viel das in deinem Land wäre?» — «À quoi cela ressemblerait-il dans ton pays ?»
Sous la carte de l’Ukraine, la rédaction a placé quinze mini-cartes : Allemagne, France, Italie, Pologne, Espagne, Turquie, États-Unis, Biélorussie, Finlande, Portugal, Grèce, Belgique, Tchéquie, Suède et Russie.
Sur chacune d’elles, la même superficie — 114 500 km² — est colorée en rouge, pour que chacun voie : si la Russie prenait autant qu’en Ukraine, ce qui disparaîtrait de sa propre carte.
Cette visualisation transforme les chiffres secs en un sentiment personnel — en une prise de conscience réelle et physique de la perte.
Échelle : comparaison avec Israël
Pour vraiment comprendre l’échelle, il suffit de regarder les chiffres.
La superficie d’Israël dans les « frontières internationalement reconnues » est de 20 770 kilomètres carrés.
Si l’on ajoute les hauteurs du Golan et Jérusalem-Est — des territoires que Israël considère comme les siens, (mais plus de 150 pays dans le monde et l’ONU ne reconnaissent pas leur annexion, et la reconnaissance a été exprimée totalement ou partiellement seulement par les États-Unis, quelques pays d’Amérique latine et une partie des États d’Afrique et d’Océanie), — la superficie totale serait d’environ 22 mille kilomètres carrés.
Ajoutons les zones contrôlées en Judée et Samarie — la zone C, environ 60 % de ces terres, — et la superficie augmentera à 26 mille.
Et si l’on inclut toute la Judée, la Samarie et la bande de Gaza, cela ferait environ 28 mille kilomètres carrés.
Maintenant, la comparaison.
L’occupation russe couvre 114 500 kilomètres carrés.
C’est plus de cinq fois la taille d’Israël dans les « frontières internationalement reconnues »,
et environ quatre fois la taille d’Israël moderne avec la Judée, la Samarie et Gaza.
Même si l’on se souvient du maximum historique de 1967 à 1982, lorsque Israël contrôlait le Sinaï, le Golan, la Judée, la Samarie et Gaza, —
tout ce territoire représentait environ 88 mille kilomètres carrés.
Et même alors, Israël était plus petit que la partie occupée actuelle de l’Ukraine — de près de trente mille kilomètres carrés.
Si l’on transpose sur la carte du Moyen-Orient une « tache » de 114 500 km², elle couvrirait tout Israël, toute la Judée et la Samarie, Gaza et le Sinaï —
et il resterait de la place pour encore le Liban + Chypre, ou un Qatar et demi, ou un Koweït entier.
Ce que le magazine KATAPULT n°39 a exactement imprimé
La rédaction de KATAPULT ne s’est pas limitée à la carte de l’Ukraine.
Sur les pages du numéro, des cartes de quinze pays — de l’Allemagne aux États-Unis —
et sur chacune d’elles est apposée la même tache rouge de 114 500 km².
La rédaction a écrit :
«Diese Karten zeigen, wie groß die von Russland besetzten Gebiete der Ukraine sind – im Vergleich zu anderen Ländern.»
(«Ces cartes montrent à quel point le territoire occupé par la Russie en Ukraine est grand, comparé à d’autres pays.»)
| Pays | Superficie (km²) | Partie que couvrirait 114 500 km² | Ce que cela signifie |
|---|---|---|---|
| 🇩🇪 Allemagne | 357 600 | 32 % | environ un tiers du pays |
| 🇬🇷 Grèce | 131 957 | 87 % | presque tout le territoire |
| 🇮🇹 Italie | 301 340 | 38 % | plus d’un tiers de la péninsule |
| 🇪🇸 Espagne | 505 990 | 23 % | environ un cinquième |
| 🇹🇷 Turquie | 783 562 | 15 % | environ un sixième |
| 🇫🇷 France | 543 940 | 21 % | zone de Paris à Lyon |
| 🇵🇱 Pologne | 312 679 | 37 % | presque toute la Pologne centrale |
| 🇧🇾 Biélorussie | 207 595 | 55 % | plus de la moitié du pays |
| 🇫🇮 Finlande | 338 440 | 34 % | le sud et le centre du pays |
| 🇺🇸 États-Unis | 9 833 520 | 1,1 % | environ l’État de Pennsylvanie |
| 🇧🇪 Belgique | 30 528 | 373 % | trois fois la Belgique et plus |
| 🇸🇪 Suède | 450 295 | 25 % | un quart du pays |
| 🇨🇿 Tchéquie | 78 867 | 145 % | tout le pays et encore la moitié |
| 🇵🇹 Portugal | 92 090 | 124 % | presque tout le pays |
| 🇷🇺 Russie | 17 098 242 | 0,67 % | moins d’un pour cent de son territoire |

Ces données montrent que si une telle échelle d’occupation était transposée à n’importe quel pays européen, il perdrait un tiers ou la moitié de son territoire.
Et les petits États, comme la Belgique et la Tchéquie, disparaîtraient complètement de la carte.
KATAPULT pousse le lecteur à ressentir littéralement l’ampleur de la catastrophe.
Ce qui apparaît sur la carte comme une tache rouge, en réalité, ce sont des villes, des écoles, des rues et des millions de vies.
Quand la carte cesse d’être simplement de la géographie
Au nom de la rédaction de НАновости, nous ne pouvons dire qu’une chose :
cette carte n’est pas simplement un travail journalistique, mais un cri visuel.
Dans ces terres, on torture, on tue, on viole.
Là-bas, on brûle des livres, on efface la langue, on vole des enfants et on les prépare un jour à prendre les armes contre leur pays.
Chaque kilomètre carré sur la carte de KATAPULT est une maison qui n’existe plus,
et une famille qui ne reviendra jamais.
La publication du magazine allemand ne concerne pas les chiffres, mais la conscience du monde.
Sur le fait que sous nos yeux se déroule une tentative de réécrire le monde,
et que l’Ukraine, en se défendant, défend l’idée même que
les frontières des peuples ne se tracent pas avec du sang.
L’Ukraine doit récupérer toute sa terre — tout le Donbass et toute la Crimée.
Pas partiellement. Pas « par accord ».
Complètement. Parce qu’un monde où l’on peut voler un territoire impunément cesse d’être un monde.
