« Si un événement diplomatique se déroulait à Kiev, nous aurions averti l’ambassadeur d’Israël en Ukraine que le représentant de l’ambassade d’Iran y participerait également, et nous ne l’aurions pas mis dans une telle situation embarrassante, – a déclaré Kornichuk, – On aurait dû me prévenir à l’avance ».
Attendre de l’ambassadeur ukrainien qu’il participe à une cérémonie commune et à des photos à côté d’un représentant de l’agresseur russe, c’est en fait demander à l’Ukraine de consentir à la « normalisation » de la guerre et à l’effacement de la frontière entre la victime et l’agresseur.
Ce qui s’est passé et pourquoi on en a parlé seulement une semaine plus tard
L’incident s’est produit jeudi 18 décembre 2025, à Jérusalem, au Mur des Lamentations. Mais ses détails ne sont devenus publics que mercredi 24 décembre — après des publications dans les médias israéliens, notamment dans Ynet le 24 décembre 2025.
Il s’agit d’un événement diplomatique initié par le ministre des Affaires étrangères d’Israël Gideon Saar : une bougie de Hanoucca devait être allumée au Mur des Lamentations avec des représentants de missions étrangères.

Quelle était cette cérémonie et quelle en était la raison
La cérémonie était conçue comme un geste de mémoire et de solidarité après l’attentat lors de la célébration de Hanoucca à Sydney, qui a fait 15 victimes.
Saar a initié l’allumage d’une bougie de Hanoucca au Mur des Lamentations avec le rabbin du Mur des Lamentations Shmuel Rabinovich, en invitant des ambassadeurs de différents pays — pour souligner le soutien international et le respect du deuil.
Qui est venu et qui a ostensiblement refusé de venir
Selon les informations discutées autour de cet événement, tous les ambassadeurs des pays ayant des représentations en Israël ont été invités, mais en fait 28 représentants sont venus :
17 ambassadeurs
11 adjoints d’ambassadeurs ou chefs de missions diplomatiques
Un détail distinct qui apparaît comme un marqueur politique : pratiquement tous les représentants invités des pays de l’UE ont décidé de ne pas être présents, et la seule exception était l’ambassadeur de Tchéquie en Israël.
Dans la déclaration du ministère israélien des Affaires étrangères, il était souligné qu’il y avait « des dizaines d’ambassadeurs » sur place, et parmi eux figuraient les représentants de la Russie, l’Ukraine, la Tchéquie, le Chili, l’Éthiopie, la Thaïlande, l’Équateur, le Panama, le Népal, la Géorgie, le Kazakhstan et d’autres.
Pourquoi l’ambassadeur ukrainien est parti — et pourquoi sa réaction était justifiée
Le l’ambassadeur russe était également présent. Après cela, l’ambassadeur d’Ukraine Evgeny Kornichuk a effectivement interrompu sa participation et est parti.
« Si un événement diplomatique se déroulait à Kiev, nous aurions averti l’ambassadeur d’Israël en Ukraine que le représentant de l’ambassade d’Iran y participerait également, et nous ne l’aurions pas mis dans une telle situation embarrassante, – a déclaré Kornichuk, qui a fait part de sa position aux hauts responsables du ministère des Affaires étrangères. – On aurait dû me prévenir à l’avance ».
Le fond de sa position se résume à un principe diplomatique simple : dans une situation de guerre à grande échelle, la présence d’un représentant de l’État agresseur à côté d’un représentant du pays victime ne doit pas devenir « un arrière-plan ordinaire » — surtout lors d’une cérémonie conçue comme un acte de mémoire et de solidarité humaine.
Pourquoi il est important de le dire à voix haute.
Ce n’est pas un « caprice » ni une « émotion », mais une logique diplomatique standard en temps de guerre : une cérémonie commune crée automatiquement une image de « tous ensemble », comme si les frontières morales et politiques s’étaient effacées.
La normalisation est aussi une politique. Si le représentant russe se tient calmement aux côtés de l’ukrainien lors d’une cérémonie publique, cela se lit comme une tentative de revenir à un régime de « relations normales », bien que la guerre ne soit pas terminée.
Le lieu renforce le sens. Au Mur des Lamentations, toute image d’État est symbolique. Et c’est pourquoi le départ de Kornichuk ne ressemble pas à un scandale, mais à une manière de ne pas participer à une « égalisation » symbolique des parties.
En bref : l’ambassadeur d’Ukraine a fait ce qu’un diplomate doit faire en temps de guerre — il a tracé une ligne rouge. Sans crier. Juste par l’action.
Réaction du ministère israélien des Affaires étrangères et « l’autre côté » de l’histoire
Le ministère israélien des Affaires étrangères, répondant aux questions, a déclaré à peu près ceci : 28 chefs de mission et ambassadeurs sont venus à la cérémonie ; Israël remercie tous ceux qui ont participé ; le ministre a mentionné dans son discours la présence des ambassadeurs ukrainien et russe ; aucune protestation n’a été reçue et personne n’a été remarqué refusant de participer ou partant ostensiblement.
Parallèlement, les journalistes israéliens ont rapporté un autre détail : l’ambassadeur russe Viktorov, de son côté, a également exprimé son mécontentement du fait que « l’ambassadeur ukrainien ait été invité » à la cérémonie au Mur des Lamentations.
Ce détail montre bien pourquoi le comportement de Kornichuk ne semble pas « trop sévère » : si la partie russe « s’indigne » du simple fait de la présence de l’Ukraine, alors l’image commune « tous ensemble » devient encore plus toxique — et pour l’Ukraine, et pour le sens de l’événement.
Ce que cela dit sur le climat diplomatique en Israël
L’histoire met en lumière plusieurs choses :
Israël essaie d’organiser des événements « pour tous », en maintenant un format diplomatique même là où il ne fonctionne plus comme avant.
L’absence de la plupart des représentants de l’UE apparaît comme un signal distinct : une partie du corps diplomatique préfère la distance pour ne pas participer à une image ambiguë.
L’Ukraine, au contraire, montre que : les limites de l’acceptable ne sont pas floues, même si la cérémonie est conçue comme humanitaire et mémorielle.
Et c’est précisément pour cela que l’action de Kornichuk peut être qualifiée de correcte : il n’a pas détruit le sens du deuil, mais a défendu un autre sens — la clarté morale.
Et après
Après les publications du 24 décembre, la question est devenue publique : comment Israël peut-il organiser des cérémonies internationales en temps de guerre, lorsque l’invitation de « tout le monde à la fois » devient une déclaration politique en soi ?
Et la deuxième question — déjà pour le corps diplomatique : les pays continueront-ils à « faire semblant » qu’on peut se tenir côte à côte sans conséquences, ou chaque cérémonie de ce type deviendra-t-elle un test de principes ?
Une fin ouverte est ici la plus honnête : qu’est-ce qui est plus important — le protocole ou la frontière qu’on ne peut pas effacer même pour une belle photo de groupe ? NAnews — Nouvelles d’Israël | Nikk.Agency
