Thèse principale. Dans un conflit moderne, ce n’est pas celui qui a le plus de divisions qui l’emporte, mais celui qui transforme le plus rapidement les idées en solutions opérationnelles sur le champ de bataille — des drones et de la guerre électronique aux plateformes autonomes et à la logistique sans grandes cibles. C’est précisément ce qu’affirme Valeriy Zaluzhny dans un nouvel article (ukr.) sur ZN.UA du 24 septembre 2025 : l’innovation est la base de la « stratégie de résistance durable », rendant la guerre opérationnellement inutile pour la Russie.
Dans un conflit moderne, celui qui transforme le plus rapidement les idées en solutions en série l’emporte. Valeriy Zaluzhny propose une stratégie simple mais rigoureuse : rendre la guerre opérationnellement inutile pour l’agresseur — grâce à l’initiative technologique, à la défense transversale et à l’adaptation continue.
Les méthodes classiques — concentration des forces, « mur contre mur », équipements lourds en colonnes — perdent en efficacité. Pourquoi ? Parce que les drones, la guerre électronique, la centricité réseau et la longue portée des moyens à distance mettent fin à toute grande concentration.
Ce qui se cache derrière : pas des « gadgets », mais une industrie d’implémentation

La nouvelle norme n’est pas un seul drone réussi, mais une chaîne de montage bien huilée : idée → test → exploitation militaire → amélioration → série. Sans cela, « l’innovation » reste une présentation.
Comment la guerre a changé : de la ligne de front au « nuage de menaces » à l’arrière
Le front a cessé d’être une géométrie pure. Il est flou avec des capteurs : caméra de drone FPV, surveillance radio passive, optique commerciale — tout cela tisse un réseau où la cible accumule des risques dès qu’elle quitte le box.
En bref :
- Le cycle “observation-frappe” est devenu plus court que le cycle de déplacement d’une colonne.
- La guerre électronique est passée d’un outil « de niche » à une météo quotidienne de la guerre.
- L’arrière n’est plus sûr — les drones longue portée et les plateformes robotiques maritimes/terrestres élargissent la géographie des menaces.
Pourquoi la concentration des forces est de plus en plus suicidaire
Un groupe visible est un groupe frappé. Et plus le « poing » est lourd, plus les frappes précises sont douloureuses. D’où l’approche de Zaluzhny : petits groupes autonomes, mobilité, discrétion, changement constant de rythme.
Trois nœuds technologiques qui déterminent l’issue en pratique
1) Drones : de consommable à système
Les drones d’attaque FPV, les « quadricoptères » pour la reconnaissance, les « kamikazes » longue portée et les plateformes terrestres/maritimes ont créé une économie d’épuisement. Une paire de FPV bon marché fonctionne comme une assurance contre une percée ; un essaim de drones longue portée comme une « taxe sur l’arrière ».
Conclusion : il faut augmenter à la fois les drones d’attaque et la défense anti-drones — pas seulement la guerre électronique, mais aussi les moyens cinétiques (canons, filets, intercepteurs).
2) Guerre électronique et résistance aux interférences
Ce qui était une « fonctionnalité » hier est aujourd’hui un fond. Tout moyen de communication et de guidage doit survivre à un environnement brouillé : multibande, protocoles adaptatifs, redondance des canaux, mise à jour rapide des firmwares.
3) Autonomisation et « dominance logicielle »
La clé réside dans les logiciels et algorithmes : reconnaissance des cibles, anti-spoofing, navigation sans GPS, gestion distribuée des essaims. Le matériel dur sans itération logicielle rapide est un musée, pas un avantage.
Pourquoi dans la stratégie de Zaluzhny il ne s’agit pas d’une arme miracle, mais d’une « chaîne transversale »
Programme national et « propriétaires de nœuds »
Pour que les innovations ne s’enlisent pas, chaque nœud doit avoir des « propriétaires » : qui fournit les capteurs, qui intègre les données, qui est responsable de la guerre électronique, qui produit en série. Pas « en réunions », mais en KPI.
Les gens : ingénieurs et opérateurs
Le déficit n’est pas seulement dans le matériel, mais aussi dans les personnes qui changent les firmwares « selon le retour de combat » et apprennent aux troupes à vivre avec la nouvelle tactique. Ce n’est pas simplement une mobilisation — c’est une reconstruction de la culture ingénierie pour la guerre.
Composants : goulot d’étranglement
Microélectronique, optique, moteurs, batteries. La politique d’approvisionnement est une partie de la stratégie. Tant que les chaînes sont fragiles, toute « victoire » sur le banc d’essai risque de ne pas devenir un ensemble de bataillon.
Perspective israélienne : le lecteur de NAnews verra une logique familière
Défense multicouche comme « maison à l’israélienne »
Israël a construit pendant des décennies un système multicouche : capteurs → intégration → interception → contre-attaque. L’Ukraine arrive à une architecture similaire — à un rythme accéléré et en mettant l’accent sur les drones bon marché en masse.
Co-production au lieu de « livraisons d’urgence »
Les alliés passent progressivement des paquets ponctuels à la production conjointe. Cela profite à tous : à l’Ukraine — la durabilité, aux partenaires — des développements pratiques « du terrain de la réalité ». Pour Israël, cette approche est une « usine de défense » habituelle, pour l’Ukraine — une nouvelle industrialisation.
Comment mesurer le progrès : quelles métriques sont plus importantes que de beaux communiqués de presse
Vitesse du cycle
Combien de temps s’écoule entre l’idée et la série ? Pas des « trimestres », mais des semaines. Si le cycle est long, c’est un signal d’alarme.
Évolutivité
Combien de produits sont arrivés aux bataillons ? La sérialité rend la puissance bon marché et la dissuasion durable.
Résilience dans un environnement « brouillé »
Comment le système se comporte-t-il sous interférences et attaque ? S’il « s’effondre », cela signifie qu’il a été optimisé pour le banc d’essai, pas pour le front.
Risques et antidotes : où la stratégie peut échouer
Inertie institutionnelle.
Si les achats sont longs et les tests sur papier, l’innovation « s’endort ». Le remède — des circuits de décision courts, l’exploitation militaire comme norme, pas comme exception.
« Course à la guerre électronique sans fin ».
Toute découverte aujourd’hui est un examen demain. Il faut accepter la « mise à jour éternelle » comme standard : redondance des canaux, modularité, mises à jour rapides des firmwares.
Dépendance aux composants.
En plus de la substitution aux importations, la « portefeuillisation » fonctionne : trois (mieux quatre) sources, réserve sur les nœuds critiques, localisation là où cela est économiquement viable.
Ce que cela apporte en politique : transformer la guerre en une mauvaise affaire pour le Kremlin
Zaluzhny traduit la pensée militaire en résultat politique : lorsque l’attaque est toujours coûteuse et risquée, la guerre cesse d’être un levier de pression. Alors le poids diplomatique de l’Ukraine augmente — non pas comme un « demandeur », mais comme un pilier de la sécurité européenne.
Et ici, son rôle actuel est révélateur : ambassadeur au Royaume-Uni et représentant auprès de l’OMI. Ce n’est pas une « retraite », mais un changement de front : architecte de coopérations qui transforment l’initiative sur le champ de bataille en durabilité à long terme.
Questions fréquemment posées
FAQ
Pourquoi autant de niveaux de protection s’il y a des frappes à longue portée ?
Parce que l’adversaire s’adapte. L’échelonnement est une assurance contre les surprises et un moyen de ne pas payer deux fois.
Pourquoi les offensives concentrées sont-elles rares ?
La densité de la reconnaissance et la précision rendent les manœuvres massives vulnérables. La « feuille de route » est constituée de petits groupes, de discrétion et de rythme.
Où est le maillon faible de l’Ukraine ?
Les composants et le cycle d’achat. La solution — co-production, portefeuille de fournisseurs, circuits de décision courts.
Conclusion pour l’Ukraine et ses alliés
La guerre est devenue une compétition de vitesse d’adaptation. Zaluzhny propose une stratégie où chaque mise à jour suivante est une nouvelle armure. Si la chaîne d’idées et de séries fonctionne, l’agresseur paie pour ses actions à l’avance, et son « levier de guerre » se brise de lui-même.
Note biographique : Valeriy Zaluzhny
Valeriy Fyodorovych Zaluzhny est un militaire et diplomate ukrainien, né le 8 juillet 1973. Carrière dans les Forces armées ukrainiennes : postes de commandement du niveau brigade au niveau opérationnel. 27 juillet 2021 — 8 février 2024 : Commandant en chef des Forces armées ukrainiennes. Sa période de commandement a été marquée par l’échec des « plans éclair » de la Russie, des réformes rapides de la gestion, l’adoption massive de drones et de tactiques basées sur la centricité réseau et la guerre électronique.
Depuis 2024 — Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de l’Ukraine au Royaume-Uni, plus tard — représentant permanent de l’Ukraine auprès de l’Organisation maritime internationale (OMI).
Dans les matériaux analytiques publics, il promeut systématiquement l’idée de l’initiative technologique et des innovations évolutives comme clé de la victoire dans la phase positionnelle de la guerre. Au-delà de la rhétorique — accent sur les mécanismes institutionnels : programme de défense-tech, « propriétaires de nœuds », compétences humaines, approvisionnements durables en composants et co-production avec les alliés.
